lundi 29 août 2011

La Passion (Roman)


Ange immobile sous le souffle du mufle 
                                                           talons plantés là
Ombre vide de sang 
                              débusquant la vérité entre les cornes

Le corps à l’hôtel
                          deux fois dans l’après-midi
                                                                   Roman joue la vie

vendredi 26 août 2011

I Go To Sleep

Dans Les Bien-Aimés, Christophe Honoré filme la désillusion du sentiment amoureux (forcément impossible, ou cruellement fugitif, au mieux) au son des chansons faussement cruches d’Alex Beaupain. La mort est fraîche et le désespoir dansant. Mais soudain, au détour d’un plan, le son change : programmation électronique minimale, synthétiseurs déréglés, parlé-chanté froid maîtrisé, les accords de I Go To Sleep et la voix d’Anika produisent un décalage qui met les oreilles et les yeux au diapason et nous recentre sur un sentiment unique et sans vocabulaire (à la façon de This Is Not A Love Song ou Enola Gay dans Valse Avec Bachir).
I Go To Sleep, pour ma génération, c’est la version des Pretenders de Chrissie Hynde, mais I Go To Sleep, c’est d'abord un titre des Kinks enregistré en 1965 qu'il est parfaitement heureux de (re)découvrir aujourd’hui. La mélodie, le son, l’élasticité du piano et le chant rythmique et fermé de Ray Davies forment un objet irréductible assez addictif, un genre de fruit doux et vénéneux, une berceuse vicieuse. So I go back to sleep...

http://www.youtube.com/watch?v=m0UAqJWzsZE
http://www.youtube.com/watch?v=JD4M0iluv5k
http://www.youtube.com/watch?v=uJhBtuqvl8A
(youtube en fermant les yeux, ou deezer, ou...)

mardi 23 août 2011

samedi 20 août 2011

Brainwashing


Incinerate

...

Il y avait des mots 
Qui disaient des choses 
Ils étaient là, et puis plus
Gommés, effacés
Autodafé

mercredi 17 août 2011

Il Ne Nous Manque (Que Les Bras)


(pour éviter les tremblements au début du morceau, appuyer sur pause
le temps que le fichier soit entièrement chargé, puis relancer la lecture)

dimanche 14 août 2011

Joueurs


J’entretiens une relation particulière avec Don DeLillo.
Les lectures de dix de ses livres sur une vingtaine d’années, leur contenu, le style de DeLillo, et de multiples résonnances au fil du temps, ont tissé des liens plus ou moins conscients entre (les livres de) ce Monsieur et moi-même, des liens qui n’appartiennent qu’à nous. Une histoire d’affinités, j’imagine, parce que c’est lui, parce que c’est moi, mais surtout, plus probablement, parce qu'il sait écrire ce que je (ne) comprends (pas). Assez exactement.
Je ne suis évidemment pas le seul admirateur de DeLillo à pouvoir écrire ces quelques lignes, mais.
J’ai découvert DeLillo en 1992 en tombant sur une pile toute neuve de Mao II posée sur une table de la librairie Actes Sud à Arles. Le titre, la photo et le nom de l’auteur ont fait naître aussitôt des évocations simultanées dans tous les sens : “Don” Diego Donald (sans compter le Draper à venir), l’Espagne et l’Italie, les parrains, la noblesse émigrée “DeLillo”, son L majuscule central et sa sonorité ; “Mao II” en référence à Warhol, mais aussi Mao tout court titrant l’image de ces occidentaux hurlants, victimes ou guerriers, forcément coupables, plongeant-sortant des flammes de l’enfer, du Vietnam, d’un accident technologique ou d’un acte de terrorisme (à venir)… Sans oublier la quatrième de couverture qui indiquait (de mémoire) que si cet ex concepteur-rédacteur dans la publicité était encore inconnu en Europe, il était l’auteur d’une œuvre déjà importante et acclamée outre-Atlantique…
Très bien, mais le plus intéressant, c'est que la lecture de Mao II fut largement à la hauteur de mes espérances de jeune instant-groupie. Et je dois avouer qu’à mon réel plaisir de lecteur s’ajouta la fierté puérile d’avoir mis la main tout seul comme un grand sur un livre important, pour ne pas dire d’avoir ni plus ni moins découvert un auteur dont tout le monde allait bientôt parler. Oui...
Vingt ans plus tard, je termine Joueurs à Arles (acheté il y a quelques années à Paris et oublié-perdu depuis, derrière une rangée d’autres livres). Et j’éprouve le même (le même ?) plaisir qu’à la lecture de Mao II vingt ans plus tôt. Ces personnages perdus dans une civilisation en bout de course qui jouent les rôles (impossibles ?) qui se présentent à eux (comme ils ont accepté les précédents), ou qui les inventent à l’envers à l’endroit dans une écriture automatique aveugle mais toujours consciente de la fin (de la route), parce qu’il n’y a rien d’autre à faire ou alors le contraire, ce qui revient évidemment au même à un détour près... Ces parenthèses à l’intérieur de ces parenthèses qui vous rapprochent en vous éloignant, ces micro histoires avortées, ces dialogues qui appartiennent à qui, ces doubles rôles, ces demi sentiments tellement plus parlants que les gros, ces gestes de rien qui changent tout, ces mots ordinaires et obsédants, ces décisions logiquement incompréhensibles et pourtant pas, tous ces détails de nos toutes petites histoires dans la grande rapportés avec une mémoire impitoyable et pourtant compatissante, construisent-traduisent si bien mon petit chez moi, tellement si bien. Vies minuscules, destins, affinités électives, je vous dis.
Et quand DeLillo, dans Joueurs toujours, mêle attaque terroriste et World Trade Center dès 1991, j’éprouve avec lui le sentiment puissant d’avoir compris depuis longtemps. Mais quoi ?
Demain, je vais me rendre à la librairie Actes Sud du Méjean, et je vais en ressortir avec un autre DeLillo. La vie est belle, la vie est simple.

samedi 6 août 2011

Comme Un Prince

S’il est vrai que le lit où dormit Napoléon III de passage au château de Reynies n'est pas très grand, le simple citoyen Olsen 1840 peut néanmoins témoigner que l’on y dort comme une souche, un loir, un prince, ou bien ou bien, nuit après nuit, jour après jour (l’ombre portée de la couronne de fleurs dessinant curieusement les ailes de l’aigle impérial au-dessus de la couche de notre premier Président de la République nous rappelle qu’il fût également notre dernier monarque)...

vendredi 5 août 2011

Maurice, Marcel et la Guerre des Gaules

A la lumière de leurs récentes pérégrinations en campagne tolosane, Maurice et Marcel découvrent que pour relier un point A à un point B les Romains traçaient une route parfaitement rectiligne, envoyant par là même la topographie se faire voir chez les Grecs. Nulle révélation passionnante en la matière, mais quand vous saurez que nos deux Gaulois se déplacent sur des vélos à pignon fixe (et pour peu que vous ayez déjà chevauché un tel engin), vous comprendrez mieux leur besoin de signaler le relief quelque peu accidenté de la région.