dimanche 4 mars 2012

"J'ai trop bu ce soir"

C'est une scène qui ne dure que quelques secondes : c'est bientôt le matin, Clotilde entre dans la petite chambre, dit "J'ai trop bu ce soir", et s'écroule dans les bras de Madeleine encore éveillée étendue sur le lit, les deux jeunes femmes échangent un sourire... fin du plan.
Et c'est immense : le refuge, la chaleur du terrier, le retour au port, l'armistice, la berceuse, la mère et l'enfant, le besoin de consolation enfin rassasié, l'absolution des fautes commises ou non, l'autre, la sœur, les bras, la nuit étoilée, l'amour, tous les pardons, les recommencements, tous les possibles...
Un peu plus loin, Julie réconforte Clotilde, d'un "Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ?" qu'Isabelle Regnier attribue à Henri Michaux, mais que j'ai retrouvé dans un poème de Nazim Hikmet.
Si je ne brûle pas
Si tu ne brûles pas
Si nous ne brûlons pas

Comment les ténèbres
Deviendront-elles clarté ?
J'ignore si Henri Michaux est un autre auteur de cette phrase magique, comme j'ignore si Joséphine-Aglaé Savatier, plus connue sous le nom d'Apollonie Sabatier, est le modèle de l'Origine du Monde de Courbet ou la muse qui inspira Réversibilité de Baudelaire ou le titre du film de Bertrand Bonello, mais je sais que je n'oublierai pas les filles de L'Apollonide.