mercredi 27 juin 2012

Y aura-t-il un été cette année ?











(bien sûr, les applications photo vintage de nos téléphones intelligents embellissent tout et n'importe quoi (sauf mon ami Maurice qui n'a pas besoin de ça), mais quand même, je crois bien me souvenir que c'était chouette l'été dernier... j'aimerais vraiment bien qu'il y en ait un cette année, avec ou sans filtre)



samedi 23 juin 2012

I Just Want to Feel Everything

- Bonjour.
- Bonjour. Comment allez-vous ?
- Je ne sais pas.
- C'est un bon début.
- Je suis venu ne pas parler.
- Très bien.
- Trop de bruit. Confusion. Toupie. Besoin de silence.
- ...
- Envie de courir. Pas de fuir, seulement courir. Droit. En robe blanche, au milieu de prés verts, dans une lumière jaune. Surexposé.
- Seul ?
- ... Oui, seul. Vers quelqu'un hors du cadre. En robe blanche aussi.
- Vous souriez ?
- Oui, on voit les dents, je crois.
- Ah, oui, tout de même...
- Il faut ce qu'il faut.
- C'est vous qui le dites. Le quelqu'un hors du cadre...
- Oui ?
- Il vous ressemble ?
- Non et oui. Elles viennent. Avec chacune, c'est autre et c'est pareil...
- Fail. Fail again. Fail better.
- Monsieur connaît ses classiques.
- Les vôtres.
- Oui.
- C'est pas facile facile aujourd'hui...
- C'est bien comme ça.
- On regarde quoi ?
- Ca.

dimanche 10 juin 2012

Remembering Ray

Je me souviens des Chroniques martiennes, une de mes premières lectures, une lecture scolaire. Solaire. Je ne me souviens pas du style, mais je vois des images claires : des horizons plus lointains tout au bout de déserts doux, une incurvation irisée, des changements de mise au point, des teintes métalliques, des bleus des verts des gris et un point de rouge, soudain. Une idée de far west avec des ranches dessinés par Frank Lloyd Wright, et à la place des chevaux, des fusées dessinées par Giovanni Bertone. La Californie d'avant l'homme blanc, mais dans le futur. Je me souviens surtout des hommes. Déboussolés sans gravité, à jamais déracinés. Ils me semble qu'ils étaient là, et pas. Tremblant au ralenti, souriant à demi. À la recherche d'une mémoire. Sur Mars, la nostalgie était toujours ce qu'elle était. Je me souviens d'une rencontre entre un terrien exilé et un martien, je ne sais plus de quoi ils parlaient, mais il me semble que cherchant à se connaître, ils réalisaient qu'ils ne partageaient pas la même réalité... Douceur amère, regrets éternels. Et partout, toujours, un sentiment d'attente, avant l'orage, après la guerre. J'avais adoré les Chroniques martiennes, j'ai seulement oublié d'y penser pendant trente cinq ans.

mercredi 6 juin 2012

Alors, On Fait Quoi ?

Comme un lapin dans un chapeau
Noir/Plus personne dans l'miroir
(Comme disait Perec) la petite poule est morte, il n’y aura plus d’œufs
Noir, si noir, il n’y a plus d’ispoir
Pince mi est tombé à l’eau
Et puis y a un trou dans le bateau
Qu’est-ce qui reste ? Dis-moi, mais qui reste ?
L’esprit sain ? L’homme invisible ?
Ok, chapeau bas, salut l’artiste
Mais j’ai beau relire la bible
A la fin, j’ai comme un trou

T’es là 
Et puis t’es plus là
Alors on fait quoi ?

Tu suis une jupe
Tu casses ta pipe
Tu r'coiffes ta huppe
Tu finis en slip

T’es là
Et puis t’es plus là
Alors on fait quoi ?

T’es là
Et puis t’es plus là
Alors on fait quoi ?

(J’sais pas, on r’garde la mer)

T’es là
Et puis t’es plus là
Alors on fait quoi ?

Ad lib

La Mer

samedi 2 juin 2012

La Vie en Couleur


Parfois les couleurs sont trop colorées, les briques sont trop briques, l'herbe est trop verte, le bleu du ciel trop bleu ciel, et même le jaune pâle trop jaune pâle... (comme dans "La France de Depardon" où l’on “découvre” le rouge et le bleu des panneaux de signalisation que l’on croise tous les jours) et on oublie de noter les portes de prison, grises comme des églises, qui bouclent cette étrange fausse villa patricienne de bord de mer. 
Mais les couleurs ne nous semblent jamais trop colorées dans la réalité (même quand elles crient en plein soleil), c’est sur les photos qu’on doute d’elles, qu’on se méfie. Et encore, cette méfiance est relativement récente : la colorisation des années cinquante, les pellicules kodacolor ou eastmancolor ne choquaient personne, au contraire, elles faisaient jaillir la vie sur les écrans.
Probablement en réaction à la crudité du numérique (l'effet vidéo, les impitoyables millions de pixels, …), on a vu se développer ces dernières années un étalonnage désaturé et contrasté, synonyme de bon goût... (parfois jusqu'à la manière, comme chez le pourtant excellent Nuri Bilge Ceylan). Depuis trente ans, la modernité est essentiellement grise, plus ou moins noire et blanche, voire transparente ; aluminium, graphite ou verre… (l’arc-en-ciel d’iPods faisant figure de contre-exemple).
Je suis un amateur de photo couleur. J’aime la petite fille et la voiture verte d’Helen Levitt, William Eggleston, Stephen Shore et les rouges de Guy Bourdin…
Je vis le chic désaturé comme un manque de courage, une élégance facile. J’aime les couleurs même si (parce que ?) elles me font peur.

A propos de “La France de Raymond Depardon”, on peut lire :
«Les couleurs n’ont absolument pas été boostées, proteste Jacques Hénaff, responsable de la numérisation et du tirage. Raymond Depardon les voulait le plus naturel possible. Si les couleurs étonnent, c’est parce qu’aujourd’hui les techniques numériques permettent de rectifier les défauts des pellicules argentiques, qui ont toutes des biais, des dominantes, et qui font que la photo couleur est souvent assez loin de la réalité. Le numérique permet en particulier d’exploiter toute la richesse des images très lumineuses issues des chambres 20 x 25.» De son côté, Depardon admet que certaines couleurs puissent étonner. Il livre plusieurs explications : «D’abord, les gens des villes sont souvent étonnés par les lumières et les couleurs de la province, ils en ont perdu l’habitude.» Ensuite, il dévoile un paradoxe. Comme beaucoup de photographes qui ont surtout travaillé en noir et blanc, il dit aimer les lumières froides «car on y retrouve les mêmes palettes qu’en noir et blanc». Il a donc évité de travailler sous le soleil, préférant les temps gris mais lumineux. «Or, cette recherche de la neutralité m’a permis de mieux voir, par exemple, le rouge des panneaux de sens interdits et des devantures de boucheries, bref elle m’a orienté vers les couleurs vives.» Le paradoxe est donc que Raymond Depardon était parti pour photographier la France en lumière froide, délaissant les mois d’été «où la lumière en France est trop jaune», et qu’il est revenu avec des images aux couleurs acidulées. «Acidulées comme les bonbons et les tables en Formica de mon enfance. Ce sont les teintes des années 50, qui furent celles de mon adolescence, et qui ont dû venir titiller mon inconscient lors des prises de vues.»
Dernière explication : les pellicules Kodak utilisées sont étalonnées à Rochester (New York), où la lumière du jour a une «température» de 5 700 kelvins. La même, grosso modo, que celle du sud de la France, entre Lyon et Marseille suivant les saisons. Les couleurs du nord du pays ont donc été «réchauffées» pour tenir compte de ce biais. Enfin cette anecdote : la directrice photo, Caroline Champetier, ayant trouvé surnaturel le rouge de tomates photographiées sur un étal (la photo prise dans l’Aude est présente à l’expo), une vraie tomate fut posée contre l’image. Elle était encore plus rouge que la reproduction, affirme Depardon.