mardi 28 janvier 2014

Drôle

- J’ai envie de rire.
- Allez-y.
- Non, je veux dire que j’aimerais rire plus souvent.
- Ah.
- En fait, je trouve que je ne ris pas assez souvent, mais je préfère le dire de façon positive.
- Ah, je vous retrouve bien là.
- Ou ça ?
- Au cœur d’un pessimisme irrésolu. Incapable d'être totalement triste.
- Très drôle.
- Merci.
- Non, en fait, je suis en colère contre le temps mou. On ne pleure pas, on ne rit pas, on pense vaguement à des trucs… C’est mou. On laisse passer le temps, comme s’il ne valait rien.
- Donc, vous avez envie de pleurer aussi ?
- Je préfère rire, mais pleurer, c'est pas mal aussi, oui. C'est mieux que le temps mou.
- … Vous voulez vous bouger le cul, quoi.
- C’est ça. Et en plus, c'est bien dit… Vous faites des progrès, faute d’en faire faire.
- C’est drôle, ça.
- C’est pour ça qu’on s’entend bien, on est drôle tous les deux. En revanche, je ne sais pas si on a le même humour. Regardez, et dites-moi si ça vous fait rire.

vendredi 24 janvier 2014

Western Haïku n°21


Les Indiens reviennent
Derrière les chariots couchés
Leur premier baiser

mercredi 15 janvier 2014

Gaspillage

- Dans The long goodbye, Philip Marlowe rejoue seul, et de mémoire, une partie d’échecs célèbre qu’il qualifie de parfait gaspillage sophistiqué d’intelligence humaine. Et il ajoute que l’on peut croiser ce type de gaspillage un peu partout, pas seulement dans la pub.
- Ca vous fait sourire.
- Oui, j’aime beaucoup Marlowe. Il est sentimental. Désabusé, mais toujours prêt à repartir, à jouer une nouvelle partie… Même s’il en connaît l’issue.
- Un romantique…
- Ce qu’on retient d’une grande partie d’échecs, ce sont les coups audacieux, les inventions… Qu’ils soient joués par le vainqueur ou le perdant importe peu.
- C’est nouveau, ce goût pour le roman noir ?
- Je ne sais pas. Ce qui me plaît dans les romans de Chandler, c’est la musique. Tension, résolution. Beaucoup de tension, très peu de résolution. Evidemment. Une immense nostalgie tendue par une énergie vitale mystérieuse… Los Angeles, quoi.
- …
- J’aime les pantoums aussi.
- Les quoi ?
- Les pantoums. Une suite de quatrains dans lesquels les deuxième et quatrième vers d’une strophe deviennent les premier et troisième de la strophe suivante. Et dont le dernier vers est le premier.
- Ca vous plaît, ça, hein ? 
- Quoi ?
- Le retour du même, la reprise…
- … Moui. Une histoire de musique, surtout.
- Bien sûr…
- Oui, enfin, j’étais venu vous parler de gaspillage, en fait.
- Bah, vous reviendrez.
- C’est ça, oui.
- Vous revenez toujours.
- Bon, ça suffit. Regardez ça plutôt.