lundi 20 novembre 2017

Goldorak dans l'entre-deux


Traversant la crête d’un reste de forêt de bord d’autoroute, le soleil blanc illumine à contre-jour une douzaine de poids-lourds inertes. Ces boîtes multicolores bien alignées, luisantes de condensation, organiques et rassurantes, témoignent d'un ordre des choses, d'une organisation pour l’heure en sommeil, qui se mettra bientôt en branle, chaque camion gagnant sa destination, livrant ici où là ce qui est attendu, ce qui fut commandé par quelqu’un quelque part, produit et emballé par quelqu’un d'autre ailleurs. Mais ce qui m’émeut au passage de cette aire d’autoroute filmée en travelling tient à autre chose qui peine à se frayer un chemin dans ma conscience brumeuse, souvenir de jeu d’enfance où les camions quittaient les boîtes de chaussures au petit matin pour s’inventer des destins californiens, ou bien réminiscence de Goldorak, transformer anthropomorphique aux super pouvoirs, animé par un humain logé dans sa tête abritant lui-même un cerveau dans sa tête, comme ces routiers endormis dans leur cabine, qu’un café va bientôt remettre en route. Frontière floue entre l’homme et la machine, émotion diffuse pour la route, pour ce qui éloigne et ce qui relie, l’entre-deux.